Conseil d’Etat: l’essentiel est ailleurs


Conseil d’Etat: l’essentiel est ailleurs


La campagne électorale pour le Conseil d’Etat à Genève est particulièrement plate et sans guère de contenu politique, malgré les sourires des candidat-e-s sur les affiches, la mobilisation des électeurs/trices sera faible…

Pierre Vanek

Au lendemain de l’élection au Grand Conseil, solidaritéS s’est livré en AG une première analyse – à chaud – des résultats1 et déterminé la position de fond de notre mouvement en vue de l’Assemblée de délégué-e-s de l’Alliance de Gauche (ADG) du 12 octobre concernant les élections au Conseil d’Etat. La majorité des membres et sympathisant-e-s présents a appuyé une position selon laquelle, en résumé:



  • · L’ADG ne devrait PAS présenter de candidat-e lors de cette élection. Revendiquer un siège au Conseil d’Etat avec la large majorité de droite – appuyée par l’UDC – existant au Grand Conseil était selon eux fournir potentiellement un-e otage à la droite. Présenter une candidature fut elle dite «de combat» comme «revanche» ou «deuxième tour» permettant de corriger les résultats du vote du dimanche précédent correspondrait plutôt à propager des illusions. Au contraire, l’ADG doit se profiler comme une opposition conséquente en articulant les terrains parlementaire syndical, social et associatif, face à la politique de démontage social dont les premiers effets vont commencer à se faire sentir très rapidement… Dans ce sens, le fait de ne pas présenter de candidat-e au Conseil d’Etat serait au contraire un message fort disant que l’essentiel est ailleurs. Y renoncer au bénéfice d’une participation à quelques débats médiatisés et d’une «présence» dans une campagne qui sera oubliée dans quelques semaines serait une erreur. Par ailleurs, l’ADG a les moyens de se faire entendre et d’être présente aujourd’hui, par exemple en faisant aboutir rapidement notre initiative cantonale sur l’assurance maladie.
  • · L’ADG devrait – sans déposer de bulletin de vote propre – appeler à voter pour les candidat-e-s socialistes et verts (Calmy, Cramer, Moutinot). Non pas que nous pensions que ceux-ci pourraient, par leur présence au Conseil d’Etat, sérieusement «limiter la casse» par en haut, mais parce qu’on ne peut pas prendre la responsabilité d’offrir un, deux ou trois sièges sur un plateau à des partis dont le programme proclamé est ouvertement antisocial. Notre soutien ne saurait être autre que critique, en indiquant que nous n’hésiterions pas à les combattre, comme nous l’avons fait au moment du plan d’austérité antisocial en 1998, s’ils renoncent à défendre un certain nombre d’acquis sociaux (et écologiques) essentiels, obtenus notamment lors de cette dernière législature (fiscalité, prestations sociales, pas d’attaques à la fonction publique, pas de mesures de privatisation, etc.)

Or, au lendemain de cette prise de position nous avons appris que le Parti du Travail défendait, comme d’ailleurs certains de nos membres, la nécessité d’une candidature «de combat» émanant des rangs de l’ADG et que si celle-ci ne se lançait pas, le PdT – comme il avait évidemment le droit de le faire – annoncerait une candidature propre. L’ADG aurait, dans ce cas, eu de facto un-e candidat-e qu’elle n’aurait pas choisi, ce qui aurait été paradoxal. En outre, l’échec probable de cette candidature aurait pu être imputé à solidaritéS ou aux Indépendants, tous deux opposés à cet exercice.


Pour décider de notre réaction face à cette nouvelle donne, solidaritéS a réuni une nouvelle assemblée, en urgence. Celle-ci a décidé, tout en maintenant notre position de fond:



  • de ne pas faire barrage a la présentation d’un-e candidat-e sous l’étiquette de l’ADG.
  • de proposer, la présentation de l’un ou l’autre des premiers élus de solidaritéS sur la liste au Grand Conseil.
  • mais le cas échéant de ne pas s’opposer à la candidature d’Erica Deuber-Pauli, une femme dont le résultat dans l’élection au parlement était meilleur que celui des camarades que nous pouvions proposer.

Or c’est bien Erica, qu’ont proposé les délégué-e-s du PdT en Assemblée de l’ADG …et qui est aujourd’hui candidate de notre Alliance au Conseil d’Etat. Elle a des chances, minces, mais réelles, d’être élue. Malheureusement ce serait sans doute moins en tirant profit d’une remobilisation de l’électorat de gauche, mais bien plutôt d’une éventuelle division de la droite, chacun-e des partis de l’Entente bourgeoise cherchant à protéger les siens. Par ailleurs, l’aspect «candidature de combat», défendu par le PdT au départ, s’est assez largement effacé dans les faits au profit de la campagne assez personnelle qui se coule dans le moule du passage obligé médiatique de ce genre d’exercice. Au lendemain de cette élection, nous devrons faire un bilan collectif, à solidaritéS et dans le cadre de l’ADG, sur l’ensemble de cet exercice…

L’initiative populaire cantonale, lancée par l’ADG «Pour une caisse d’assurance-maladie publique à but social et pour la défense du service public» va aboutir. Environ 8000 signatures sont rentrées. Il en manque encore pourtant quelques milliers et un effort militant est à l’ordre du jour. Signez et faites signer l’initiative! Des listes sont disponibles au secrétariat de solidaritéS (tél. 740 07 40).



1 Voir solidaritéS n° 135.